Signe(s) particulier(s) :
– première réalisation et scénario pour l’acteur Jonah Hill qui, s’il n’est pas autobiographique, s’inspire du milieu du skateboard, qu’il a beaucoup fréquenté dans son adolescence.
Résumé : Dans le Los Angeles des années 90, Stevie, 13 ans, a du mal à trouver sa place entre sa mère souvent absente et un grand frère caractériel. Quand une bande de skateurs le prend sous son aile, il se prépare à passer l’été de sa vie…
La critique de Julien
Fidèle collaborateur de Judd Apatow révélé aux yeux du monde dans le film "SuperGrave" (en 2007) que ce dernier produisait, Jonah Hill a fait du chemin depuis ! Notamment nommé en 2014 aux Oscar du cinéma dans la catégorie du meilleur acteur dans un second rôle pour "Le Loup de Wall Street" de Martin Scorcese, l’acteur s’est aussi bien illustré ces dernières années dans le registre de la comédie que du drame, tout comme on a pu le voir récemment dans la série Netflix "Maniac", aux côtés d’Emma Stone. Ayant pris depuis du galon dans le métier, le voilà qu’il nous livre aujourd’hui son premier film "Mid’s 90", en l’occurrence semi-autobiographique, dans le sens où cette histoire ne s’inspire pas de la sienne, mais bien d’un cadre familier au cinéaste, à savoir le Los Angeles des années nonante, aux alentours d’un magasin de skateboards.
Il est alors question ici de Stevie, un jeune de treize ans vivant dans un cadre familial difficile, étant donné un père qu’il ne connaît pas, et un frère violent avec lequel le dialogue est impossible. Seule sa mère célibataire est véritablement là pour lui, elle qui passe la majorité de son temps à travailler pour nourrir la fratrie. Un jour, et alors qu’il n’aspire toujours à rien, le petit passera devant le Motor Avenue Skateshop, et tombera en admiration devant la camaraderie des planchistes situés sur le trottoir du magasin. Même s’il est inexpérimenté, Stevie parviendra à mettre la main sur une planche à roulettes, et à approcher ce groupe, bien décidé à se faire des amis, malgré leurs comportements téméraires et attitudes antisociales...
Tourné entièrement en 16 mm format 4:3, et parsemé à divers moments d’effets "fisheye" (c’est-à-dire d’une distorsion visuelle qui courbe les lignes droites), "Mid’s 90" s’apprécie automatiquement pour la qualité de son image. Soignée et inspirée par une certaine nostalgique, elle permet d’emblée de nous plonger à l’époque narrée, tout comme la bande-originale rythmée par les Pixies, Morrissey, les Mamas and the Papas, Nirvana ou encore le groupe GZA met dans l’ambiance. Il y a aussi une certaine forme de naïveté et de nonchalance propre à la vie vécue durant les ninetines qui ressort de la manière dont Jonah Hill filme ses acteurs, non-professionnels pour la plupart. Stevie est quant à lui interprété par Sunny Suljic, un skateur professionnel, lequel a notamment été vu dans le film "Mise à Mort du Cerf Sacré" (2017) de Yorgos Lanthimos. Convaincant, le jeune acteur se révèle bien dirigé, lequel traduit extrêmement bien la quête identitaire de son personnage, tout comme celle d’appartenance à un groupe, et l’espoir qui réside derrière, soit celui de sortir des murs qui l’ont vu grandir. Par son regard, son langage et sa tenue, Sunny Suljic épate, et délivre une belle vivacité face à ses camarades de jeux. Lucas Hedges ne passe pas non plus inaperçu dans le rôle du grand frère méprisant et frustré, lequel déverse sa jalousie, son mal-être et sa haine sur son petit-frère...