Signe(s) particulier(s) :
– après trois projets en réalité virtuelle, Jan Kounen revient au cinéma avec son cinquième long métrage, lui à qui l’on doit "99 Francs" (2007), l’adaptation du roman du même nom de Frédéric Beigbeder, paru en 2000.
Résumé : Pierre est le PDG accompli d’un grand groupe familial. Sur le point de signer l’affaire du siècle, il doit régler une dernière formalité : la signature de son cousin Adrien qui détient 50% de sa société. Ce doux rêveur idéaliste qui enchaine gaffes et maladresses est tellement heureux de retrouver Pierre, qu’il veut passer du temps avec lui et retarder la signature. Pierre n’a donc pas le choix que d’embarquer son cousin avec lui dans un voyage d’affaire plus que mouvementé où sa patience sera mise à rude épreuve.
La critique de Julien
C’est sur le ton de la comédie sentimentale et familiale, et même du feel-good movie (genres que l’on ne lui connaissait pas) que Jan Kounen revient au cinéma, dix ans après la sortie de "Coco Chanel & Igor Stravinsky", présenté à l’époque en clôture du Festival de Cannes 2009. Et c’est même sur un scénario co-écrit par Vincent Lindon lui-même qu’il a jeté son dévolu. "Mon Cousin", c’est le titre de ce film qui nous raconte la virée de deux cousins jusque dans les luxueux vignobles du Bordelais, étant donné l’entreprise familiale d’alcool et de grands crus classés dont ils possèdent chacun la moitié des parts. Sauf que, Pierre (Vincent Lindon), PDG avisé du groupe Pastié, se démène pour qu’Adrien (François Damiens), fragile, excessif et maladroit, renouvelle, comme tous les cinq ans, le contrat qui le lie à ce dernier. Bien qu’Adrien a décidé cette fois-ci de s’impliquer dans la vie de la société, et de remettre ainsi en cause les plans prévus par Pierre, exaspéré par les maladresses et les gaffes d’Adrien...
Autant dire qu’on était curieux de retrouver Vincent Lindon dans une comédie. Sauf que l’acteur, accoutumé ces dernières années à des rôles sociétaux engagés, campe ici celui d’un grand bourgeois survolté dévoué à son travail qui, au vu de la tournure des événements semblent-ils causés par la poisse de son cousin, ne fait que crier durant une bonne partie de ce road-movie, quelque peu atypique. Heureusement, le film repose énormément sur les épaules de François Damiens, lequel apporte une douce folie attendrissante à ce rôle, dans une comédie ayant les fesses entre deux chaises.
Parsemé de scènes totalement rocambolesques, faisant appel à quelques (bons) effets spéciaux, et de caméra, "Mon Cousin" tâte le terrain de l’émotion sans jamais pourtant trouver le bon ton, lui qui n’est en plus pas de tout repos, et surfe sur la recette classique du buddy-movie, soit sur un duo improbable, forcé de faire la route ensemble. Mais s’il est question de sentiments refoulés, de remords, de reproches, il est surtout question de réconciliation. Car l’un à beau ne pas supporter l’autre (au contraire du second qui le place sur un piédestal), une histoire passée liant ces deux hommes opposés va refaire surface, et les aider tout deux à faire la paix. Alors oui, c’est bien beau, et plein de belles intentions, mais c’est prévisible à souhait, quelque peu forcé, et peu harmonique dans son ensemble. Pas de quoi donc faire sauter le pop-corn...
Treize ans après "99 Francs", Jan Kounen revient à la comédie, mais d’une part moins grinçante, et d’autre part située sur le chemin glissant de la folie et du sentimentalisme. Oui, "Mon Cousin" se regarde (grand bien à François Damiens), mais sans jamais convaincre, et s’oublie assez rapidement, faute de marquer les esprits dans l’un de ses deux terrains de jeu.