Genre : Drame, policier
Durée : 115
Acteurs : Catherine Deneuve, Denis Podalydès, Michel Vuillermoz, Sara Giraudeau, Laurent Stocker, François Vincentelli, Lionel Abelanski, Artus...
Synopsis :
Quand elle arrive à l’Elysée, Bernadette Chirac s’attend à obtenir enfin la place qu’elle mérite, elle qui a toujours œuvré dans l’ombre de son mari pour qu’il devienne président. Mise de côté car jugée trop ringarde, Bernadette décide alors de prendre sa revanche en devenant une figure médiatique incontournable.
La critique de Julien
Premier film de Léa Domenach [1], "Bernadette" est une biographie romancée et opportunément féministe de l’entrée à l’Élysée de l’ex-Première Dame de France, Bernadette Chirac, alors que son époux, Jacques, était élu Président de la République de France dès 1995, et cela jusqu’en 2007. Née Bernadette Chodron de Courcel d’une famille bourgeoise catholique originaire des Trois-Évêchés, elle qui fut notamment conseillère générale de la Corrèze durant de nombreuses années a pourtant vécu dans l’ombre de son mari, notamment durant une partie de sa campagne présidentielle. Mais "Bernadette" lui offre ici sa revanche, non pas celle d’une blonde ou d’une Dame de Fer, mais d’une femme qui fut surnommée "la Tortue" par son mari...
C’est la seule et unique Catherine Deneuve qui incarne ici cette figure de la politique française, plutôt effacée durant la première campagne électorale de son époux, au contraire de sa Claude (Sara Giraudeau), qui jouait quant à elle le rôle de conseillère de son père, influençant ainsi ses choix vers le progressisme, et son apparence, au contraire de Bernadette qui, elle, se voulait plus conservatrice et traditionnelle, même si cette dernière est devenue très populaire au fil du temps, devenant même la pièce maîtresse de la réélection de Jacques Chirac pour un second mandat, qu’interprète ici Michel Vuillermoz, dur, distant, et parfois humiliant avec son épouse. "Bernadette" raconte alors la remontada, sous la forme d’une douce comédie piquante et fictionnelle, de Bernadette, et comment celle-ci est parvenue à prendre sa place, et à occuper l’avant-scène, avec son époux, quitte à le conseiller bien mieux que ses propres collaborateurs, dont Dominique de Villepin (François Vincentelli), qu’elle n’aimait pas, tandis que rôdait dans leurs bottes un certain Nicolas Sarkozy (Laurent Stocker), bien décidé quant à lui à jouer un rôle dans la politique, malgré sa trahison envers Chirac, lequel avait ainsi favorisé Balladur à l’élection présidentielle de 1995...
C’est donc avec humour et d’après un scénario qu’elle a coécrit avec Clémence Dargent que Léa Domenach met en scène cette petite sucrerie moins acidulée que prévue, où Bernadette Chirac se voit ici aidée par le conseiller technique à la présidentielle de la République, Bernard Niquet (Denis Podalydès), lequel était d’ailleurs devenu, à l’époque, le directeur de cabinet de Bernadette Chirac. Celui-ci occupe ici le rôle de conseiller à la communication de l’Élysée, donnant des cours à Bernadette afin de la rendre moins "acariâtre", "revêche", "froide" et "ringarde" que le disent les sondages, et de lui apprendre à parler aux journalistes, elle qui a tendance à dire tout haut ce qu’elle pense tout bas, tandis que Karl Lagerfeld, lui, s’occupera de sa garde-robe... Pourtant réticente à toute cette idée, la relation entre elle et Niquet sera alors le début d’une renaissance, dont médiatique, avec notamment avec l’Opération Pièces jaunes, qui lui tenait à cœur, étant donné les problèmes de santé cachés de la première fille des Chirac, Laurence (Maud Wyler), tandis qu’elle a œuvré en Corrèze, dont pour le TGV jusque Brives (qui n’a jamais vu le jour). Mais il sera surtout question ici d’apprendre à désobéir...
Plus légère que profonde, plus apolitique que politique, plus fantaisiste que cynique, dont notamment dans sa mise en scène, très colorée, et où l’on peut notamment entendre et voir le chœur d’une église chanter Bernadette et certains des événements publics auxquels elle a participé, "Bernadette" est une comédie un brin trop gentille que pour sortir du lot et donner à sa principale intéressée ses lettres de noblesse. Cependant, Catherine Deneuve et le reste du casting jouent le jeu, même s’ils ne ressemblent aucunement aux personnages réels qu’ils incarnent. Mais le film de Léa Domenach n’est en rien un biopic, mais plutôt une satire bienveillante, et bien ancrée dans son époque, à savoir la fin des années 90 et le début des années 2000, comme le suggèrent les clins d’œil du film à la pop culture, la montée en puissance de la technologie, de la mode, mais également de l’extrême droite. Si l’on passe donc un bon moment, souvent amusant, "Bernadette" ne nous fera guère reconsidérer l’image ni notre intérêt envers les Chirac...