Genre : Thriller, fantastique
Durée : 102’
Acteurs : Dakota Fanning, Georgina Campbell, Oliver Finnegan, Olwen Fouéré, Siobhan Hewlett...
Synopsis :
Perdue dans une forêt, Mina trouve refuge dans une maison déjà occupée par trois personnes. Elle va alors découvrir les règles de ce lieu très secret : chaque nuit, les habitants doivent se laisser observer par les mystérieux occupants de cette forêt. Ils ne peuvent pas les voir, mais eux regardent tout.
La critique de Julien
Dans la famille Shyamalan, place désormais à l’une des filles ! Adapté du roman "The Watchers" d’A. M. Shine paru en 2022, "Les Guetteurs" est la première réalisation d’Ishana Shyamalan, tout en étant évidemment produite par son père, M. Night Shyamalan, qu’elle avait d’ailleurs secondé sur son film "Old" (2021), lequel sera quant à lui de retour en août prochain avec le thriller "Trap", dans lequel il mettra d’ailleurs en scène son autre fille, Saleka Shyamalan, face à Josh Hartnett. Thriller fantastique de prime abord énigmatique, "The Watchers" (en version originale) s’inscrit d’ailleurs dans le sillage de la filmographie de son père, et pas seulement qu’au travers de ses visuels et de son pitch des plus qu’alléchants. Ce dernier plante ainsi son intrigue dans une forêt irlandaise n’existant sur aucune carte, et dans laquelle des humains, enfermés dans un bunker, s’offrent en spectacle à des créatures les observant au travers d’une vitre sans tain...
On y suit alors l’introvertie Mina (Dakota Fanning), une immigrante américaine travaillant dans une animalerie à Galway, en Irlande, laquelle a toujours du mal à accepter le décès de sa mère, survenu quinze ans plus tôt, tandis qu’elle a depuis pris ses distances avec sa sœur jumelle. Son patron lui proposera alors d’emmener un précieux perroquet dans un zoo, à Belfast, et cela en voiture. Sauf que - c’est bien connu - son GPS la fera passer par des chemins insensés, dont au travers d’une vaste forêt, dans laquelle sa voiture s’arrêtera net. Après s’être un peu trop éloignée à pied de celle-ci, sans la retrouver en faisant demi-tour, et cela malgré des bruits étranges, la jeune femme apercevra entre les arbres, une dame âgée, prénommée Madeline (Olwen Fouéré, vue récemment dans le navet "Les Cartes du Mal" de Spencer Cohen et d’Anna Halberg). Or, cette dernière, très pressée, l’invitera aussitôt dans un semblant de bunker, appelé "le poulailler", si elle souhaite rester en vie... Autant dire que Mina prendra ses jambes à son coup pour le rejoindre. C’est là qu’elle rencontrera deux autres pensionnaires, coincés dans cette même forêt, et n’ayant d’autre issue que ce lieu pour se cacher la nuit de ceux qui les observent, avec attention, tandis que ses occupants doivent, en plus, respecter des règles à la lettre...
Thriller contemporain dans sa première partie, "Les Guetteurs" intrigue autant qu’il désarçonne par ses manquements et ses soucis d’incohérences majeurs, lequel nous fait pénétrer, telle son anti-héroïne torturée par la culpabilité, dans un lieu énigmatique et hallucinatoire, obéissant alors à ses propres lois, auxquelles on doit dès lors tenter de croire, au même titre que cette dernière. Or, si l’on pensait rester dans le flou quant au postulat installé, on avait tort ! Car si on peut reprocher à cette première partie de ne pas montrer et, encore plus, de ne pas raconter grand-chose, Ishana Shyamalan fait finalement le choix d’en faire de trop, tant l’intrigue du film part dans une direction pour la moins surprenante, et assumée. C’est, en effet, dans le cinéma fantastique à base de folklore celtique que vire "Les Guetteurs", mais en passant dans son développement d’un point A à un point Z, et d’un genre à l’autre en un fragment de temps. Si on avance alors dans un univers visuellement sombre et inquiétant, parsemé de quelques larges et jolies prises de vues irlandaises d’Eli Arenson, et au travers de ladite forêt et ce qu’elle renferme sur les créatures qui l’habitent et leur fascination pour les humains, le film effectue ainsi un virage à 180°, comme l’avait fait "La Cabane dans les Bois" (Drew Goddard, 2012), tout en étant cependant nettement moins jouissif, et intelligent. Par tâtonnements, puis par surprises et révélations maladroites, on se retrouve dès lors autant fasciné que circonspect par "Les Guetteurs", nous qui aurions mérité bien plus qu’une simple allusion trop explicative à l’histoire qu’il nous raconte dans l’histoire, ce qui nous laisse dès lors sur notre faim, et gâche quelque peu le mystère qui entourait l’intrigue initiale de ce conte de fées. Bref, un premier film métamorphe qui ne manque pas d’imaginaire dans ses idées, mais de consistance dans son fond, en plus d’essayer d’imiter, d’épouser la forme de ses semblables...