Genre : Animation
Durée : 102’
Acteurs : Lupita Nyong’o, Pedro Pascal, Catherine O’Hara, Bill Nighy, Stephanie Hsu, Mark Hamill, Ving Rhames, Matt Berry...
Synopsis :
L’incroyable épopée d’un robot - l’unité ROZZUM 7134 alias “Roz” - qui, après avoir fait naufrage sur une île déserte, doit apprendre à s’adapter à un environnement hostile en nouant petit à petit des relations avec les animaux de l’île...
La critique de Julien
S’il y a bien un film à découvrir au plus vite en salles, et en famille, c’est celui-ci ! Et pour cause, "Le Robot Sauvage" est le nouveau métrage de Chris Sanders, lequel, après avoir tourné en capture de mouvements et en prises de vues réelles "L’Appel de la Forêt" (2020, adapté du roman éponyme de Jack London, publié aux États-Unis en 1903), revient entièrement à l’animation, lui qui avait coréalisé "Lilo et Stitch" (avec Dean DeBlois, 2002), "Dragons" (avec Dean DeBlois, 2010) et "Les Croods" (Kirk DeMicco, 2013). Basé sur le roman du même nom de Peter Brown paru en 2016, "Le Robot Sauvage" est une aventure qui réchauffe le cœur, et dans laquelle un robot polyvalent de la compagnie Universal Dynamics ayant fait naufrage sur une île inhabitée, et accidentellement activé par des loutres, devra apprendre à s’adapter à cet environnement hostile, en établissant ainsi des relations avec les animaux de l’île. L’unité ROZZUM 7134 - "Roz" en abrégé - cherchera alors à apporter son assistance à l’un d’entre eux, bien qu’en vain, lesquels en seront effrayés. Mais par un concours de circonstances, et alors qu’elle activait son transpondeur de longue portée afin de signaler sa position à son entreprise mère, Roz deviendra la mère adoptive d’un oison orphelin. Nommé Joli-Bec, Roz se verra fixer une mission sur cette île, soit celle d’apprendre à Joli Bec à se nourrir, à nager et à voler, afin de lui permettre de partir pour la prochaine migration hivernale, et cela avec l’aide du renard roux et espiègle Escobar, avec qui elle se liera d’amitié... Et si Roz était, en effet, bien plus qu’un robot programmé ?
"Le Robot Sauvage" est ce qu’on appelle une petite merveille d’animation. En plus de prôner de magnifiques et subtils messages, ce dernier bénéficie d’une conception visuelle s’éloignant du photoréalisme CGI standard de nombreux films d’animation modernes, Sanders et le concepteur de production Raymond Zibach souhaitant que cette histoire se développe avec style pictural peint à la main. Dès lors, en plus de ses personnages, c’est l’ensemble de l’environnement qui donne à voir à l’écran telle une peinture prendre vie, à la façon récente des deux derniers films de DreamWorks Animation, à savoir "Le Chat Potté : Le Dernier Quête" (Joel Crawford) et "Les Bad Guys" (Pierre Perifel), tous deux sortis en 2022, à la différence que celle du "Robot Sauvage" touche au plus haut point. Alors qu’il s’agit là du dernier film à être entièrement animé en interne chez DreamWorks avant que le studio ne s’appuie sur des studios extérieurs dès l’année prochaine, "Le Robot Sauvage" profite ainsi d’un visuel inspiré par les classiques d’animation de Disney, ou encore et des œuvres de Hayao Miyazaki, faisant ici la part belle à la nature, sa faune et sa flore. Collaborateur créatif de longue date de Chris Sanders, on sent que Dean DeBlois a également mis la main à la pâte dans ce film d’animation, dont l’existence du livre dont il s’inspire a été découverte par Sanders grâce à sa fille. Et force est de constater que celui-ci s’est librement bien imprégné de son histoire...
Pas l’ombre d’un humain dans ce film (ou peut-être quelques microsecondes), si ce n’est donc dudit robot, dont le design est humanoïde. Car toute l’intrigue du film se déroule ici dans un environnement sauvage et préservé de l’empreinte humaine, dans un monde, semble-t-il, post-apocalyptique, où la montée des eaux a fait des ravages (on peut y apercevoir, notamment, le Golden Gate de San Francisco sous eaux lors de la migration des oies). Mais nous n’en saurons guère plus. Et tant mieux, puisque l’histoire évolue quasi entièrement sur cette île et ses riches décors parfaitement mis en scène. Or, Sanders et son équipe technique n’y sont pas allés de mainmorte pour y représenter une riche faune, allant de l’opossum à l’ours brun, du barracuda au putois, ou encore du castor au porc-épic. Et chacun y trouve ici sa place, sa contribution, que ça soit dans l’avancement de l’intrigue, ou ne fut-ce que pour une touche d’humour, ou de bienveillance. Mais surtout, chacun d’eux participe à la beauté de cet univers qui nous émeut toujours au moment où nous écrivons ces lignes. Et l’écriture de Sanders n’y est pas pour rien, elle qui est d’une fluidité déconcertante, épousant un inspirant et parfait processus d’apprentissage anthropomorphe (r)éveillant en nous toute la force qui y sommeille. Ainsi, Joli Bec est capable de survivre à la migration s’il compense la petite taille de ses ailes par la grandeur de son cœur, tandis qu’il est parfois nécessaire, pour survivre, d’outrepasser ce pour quoi on est programmé. De beaux messages qui résonnent particulièrement dans ce film d’animation, certes sans grandes surprises, mais sur lequel on parie pourtant l’Oscar du meilleur film d’animation, le 3 mars prochain. Mais il y est aussi question de la fatalité de la vie, de rencontres qui peuvent en sauver, de différences qui deviennent des forces, de la difficulté de maternité à laquelle même une mère n’est pas préparée, de vivre-ensemble, et bien évidemment d’entraide au-delà de nos conditions (ici d’herbivore et de prédateur). Et si au regard de l’actualité, "Le Robot Sauvage" paraît naïf dans les messages qu’il partage, il est un exemple que l’être humain doit faire des efforts s’il espère, à son tour, survivre. Et si, à vrai dire, Roz parvient ici à ressentir des émotions, pourquoi pas le plus commun des mortels n’en serait-il pas capable à l’égard de n’importe quelle vie humaine ?
Sincère et profondément universel dans ses messages, lui qui n’est pas sans rappeler "Le Géant de Fer" de Brad Bird (1999), "Le Robot Sauvage" est une fantastique épopée que l’on vous conseille de découvrir sans plus attendre en salles, et avec vos enfants. Mais c’est bien ici toute la famille qui en sera émerveillée. Un film qui nous réconforte donc de chaleur et de belles émotions en même temps qu’il nous invite à embrasser le ciel, tel que nous le chante si bien ici Maren Morris pour la bande originale du film, sur le titre "Kiss the Sky". Bref, une aventure qui dépasse elle-même sa programmation pour parler alors à tous les publics. Une éclatante ode au pouvoir de la gentillesse, de la cohabitation, et de l’empathie, dont on attend déjà impatiemment la suite !